Karolina Orzelek rhabille la place de la Madeleine

 

 

Après Léona Rose, c’est l’artiste polonaise Karolina Orzelek qui réinvente la devanture de l’iconique cave Nicolas de la place de la Madeleine, avec une œuvre monumentale et verdoyante baptisée « Hedgerow ».

 

Depuis le début de son histoire, Nicolas tisse un lien ténu avec le monde de l’art. Au fil des décennies, la maison bicentenaire n’a cessé de cultiver ce goût de belles choses en collaborant avec certains des plasticiens et illustrateurs incontournables du XXe siècle – tels que Charles Loupot, Alfred Latour, Bernard Villemot ou encore Cassandre.

 

L’année 2023 s’inscrit dans cette lignée, avec un enchaînement de fresques monumentales installées sur le magasin de la place de la Madeleine. Après Leona Rose cet hiver, c’est au tour de la jeune artiste polonaise Karolina Orzelek de prendre la suite. À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, la maison Nicolas réinvente donc de nouveau son magasin flagship de la Madeleine avec une gigantesque œuvre de 270m2, proposée par l’agence BB+ et son offre originale « L’Art dans la ville ». Rencontre avec cette brillante peintre polonaise, première lauréate du prix Sisley Beaux-Arts de Paris pour la jeune création.

 

Qu’est-ce qui a inspiré cette immense peinture verdoyante installée place de la Madeleine ?
Cette œuvre s’appelle Hedgerow [« haie », en anglais, ndlr], je l’ai peinte en 2020, suite à un voyage dans mon pays, la Pologne. Je me suis rendue à l’ouest, dans une région montagneuse, autour d’une ville qui s’appelle Jelenia Gora. Comme d’habitude, j’ai pris des photos de mon périple, pour servir d’inspiration à mes dessins. Les montagnes reviennent souvent dans mes peintures car j’ai grandi dans ce type de paysage. C’est très familier. Mais ce qui m’a attiré là, c’est cette végétation foisonnante, qui n’est pas forcément un classique de cet univers.

 

Où nous emmène cette scène ?
J’avais envie d’inviter le spectateur à se balader dans cet endroit. J’ai d’ailleurs ajouté une passerelle au centre de la scène, qui n’existait pas sur place. Je recompose souvent le lieu que j’ai visité, je fais fusionner plusieurs espaces pour un rendu entre réel et imaginaire. J’appelle cela du réalisme magique. Pour y arriver, je fais appel à des couleurs très saturées, pas tout à fait naturelles, à la limite du fantastique, qui apportent des émotions supplémentaires. Je voulais que le spectateur se trouve devant ma scène et se dise : « Suis-je dans un rêve ? » Si mes œuvres ont souvent un sens personnel, j’essaye de garder une énigme, de ne pas donner trop de réponse, pour que chacun y trouve sa propre essence.

 

L’œuvre exposée sur la devanture de la cave Nicolas est une impression numérique, mais votre technique consiste à peindre sur quel support ?
J’ai appris à peindre sur toile, de façon assez classique. Mais depuis 2015, je travaille sur du bois. Mes professeurs des Beaux-Arts m’ont orientée vers ce support pour du dessin, puis je me suis mis à peindre dessus directement. J’utilise du contreplaqué de peuplier, que je garde quasi brut : je lui applique juste une sous-couche transparente pour éviter que la peinture à l’huile ne soit trop absorbée. Mais je garde le côté rugueux du bois, sa couleur… Les fibres de la matière influencent mon dessin. À l’origine, Hedgerow est beaucoup plus petite, elle fait 162 cm par 130 cm. C’est la première fois que je la vois si grande, j’aime beaucoup, on a vraiment l’impression de pouvoir plonger dedans.

 

Hedgerow a-t-elle un lien avec l’univers viticole ?
Cette scène n’est pas liée au vin, non. Je crois qu’on en fait un peu en Pologne, mais cela ne fait pas partie de nos traditions. En revanche, l’univers viticole me tient beaucoup à cœur, je dirais même que c’est l’une des raisons pour lesquelles je vis en France ! J’ai un lien personnel avec le monde du vin, par le beau-père de mon mari, qui travaillait la vigne dans la région de Montpellier. Il m’a initiée à son savoir-faire et à la dégustation. C’est un domaine aussi fascinant que délicieux !