Plongée dans les grands vins italiens avec Alexis Rautureau

 

 

Jeune, alors qu’il était étudiant en lettres et sans le sou, Alexis Rautureau parcourait déjà les caves de Paris à la recherche de bonnes bouteilles pas trop chères. Mais il ne se destinait pas à faire de la vigne le cœur de son métier. C’est une rencontre avec un caviste, qui change sa trajectoire : à force de le voir passer des heures dans sa boutique, le commerçant finit par lui proposer de passer de l’autre côté du comptoir. D’une carrière dans la publicité, Alexis Rautureau passe à une immersion dans le vin. Caviste, puis sommelier indépendant et animateur de dégustation, le passionné de vins se prend d’amour pour les bouteilles italiennes, une soif au long cours dont il a tiré un livre érudit Découvrir les vins d’Italie. Suivez le guide !

 

Comment en êtes-vous venu à écrire un livre dédié aux vins italiens ?
Il y a quelque chose de fascinant avec les vins italiens : d’abord, on en produit dans les 20 régions, avec plus de 400 cépages autochtones. Ensuite, le rapport qualité prix est souvent bluffant. Quand j’ai découvert mes premiers vins italiens, j’ai eu un coup de cœur immédiat, qui m’a poussé à aller découvrir toutes ces appellations et ces cépages. Comme il y a énormément de « matière », j’ai commencé à prendre des notes de façon assez scolaire, c’était pour moi le seul moyen de m’y retrouver, parce que je ne trouvais pas d’ouvrage à la fois général et synthétique en français qui puisse me résumer toute cette diversité. L’Italie est le premier pays viticole au monde, il m’offrait des tas de vins extraordinaires et il y avait une sorte d’injustice : la littérature française n’en parlait presque pas ! Alors je me suis dit que j’allais m’en charger, et construire lentement mais sûrement un livre qui soit un outil pratique, détaillé, région par région. Voilà comment est né mon livre Découvrir les vins d’Italie, dans lequel je parle des principaux vins et principaux cépages de chaque région, y compris les grands crus de la botte.

 

Parmi ces fameux crus, vous citez l’appellation Barolo…
Oui, c’est à la fois un village et le cru peut-être le plus fameux, on le compare souvent à la Bourgogne mais il ressemble aussi beaucoup à Châteauneuf-du-Pape par ses traditions. L'une de ses caractéristiques les plus notables est l'utilisation exclusive du cépage Nebbiolo, connu pour sa culture exigeante et délicate. Le Barolo nous surprend : il allie une couleur très claire à une force impressionnante, il est très tannique. C’est un cru d’anthologie dont l’élevage dure au minimum 38 mois, dont au moins 18 en fûts, suivi d'un vieillissement en bouteilles, mais les vignerons les élèvent souvent plus longtemps, et ce sont des vins qui vieillissent ensuite magnifiquement pendant des décennies.

 

Et parmi les stars du vin italien, il y a aussi le Brunello di Montalcino !
Le Brunello di Montalcino est effectivement une autre étoile de la scène vinicole italienne, qui a commencé à briller à la fin du XIXe siècle. Historiquement, les vins de Toscane étaient des assemblages à base de Sangiovese et de Canaiolo avec quelques autres cépages. Et dans les années 1870, le Brunello a eu l’originalité de se consacrer au Sangiovese à 100 %. En excluant les autres cépages, l’appellation s’est aussi obligée à une viticulture très exigeante, caractérisée par de faibles rendements et de longs élevages, quatre ans en fût et en bouteille, dont deux minimum sous bois. Son autre trait de caractère est d’être cultivé sur un terroir au carrefour de la fraîcheur et de la chaleur : la maturation du raisin est longue, et plus le fruit prend son temps pour mûrir, plus le vin est complexe. Ces vins aussi sont taillés pour la garde.

 

Et dans les trésors que compte l’Italie, vous citez quelque chose de plus étonnant : du Prosecco !
En effet, parce que le Prosecco a aujourd’hui une image troublée. D’abord, il faut peut-être rappeler que le Prosecco est un véritable vin ! Avec une appellation DOC qui provient d’une région viticole déjà mentionnée par l’auteur romain du premier siècle Pline L’ancien comme un vignoble de qualité. Bien plus tard, on a vu se développer un vin pétillant modeste, qui a connu un boom économique spectaculaire et que l’on déguste surtout avec de l’Apérol dans le cocktail Spritz… Ce Prosecco a le mérite de nous rafraîchir mais ce n’est pas le plus intéressant : il y a aussi dans cette région des petits producteurs qui produisent des vins authentiques, dotés d’une structure intéressante et même parfois d’une capacité à vieillir. Je pense notamment aux vins de l’appellation Conegliano Valdobbiadene qui sont des vins haut de gamme, un peu cachés dans la forêt des Prosecco, mais qui transportent eux aussi la magnifique histoire du vignoble italien.

 

À déguster sans modération : Découvrir les vins d'Italie, par Alexis Rautureau. Un livre essentiel pour comprendre, choisir et déguster les vins de nos voisins transalpins, découvrir les appellations et les cépages les plus captivants, et dégoter les perles rares. Aux éditions Dunod, 19,90 euros.

 

Dans la cave de Vins Fins :

Vigna Colonnello Riserva Bussia Barolo Prunotto, 230,00 €

Pian Delle Vigne Riserva Brunello Di Montalcina, 155,00 €