A la rencontre des vins chiliens, avec l’artiste Mauro Ceballos

 

L’artiste Mauro Ceballos, natif du Chili et Bordelais d’adoption, a donné naissance à la toute première bande-dessinée entièrement colorisée avec du vin rouge. Ce grand amoureux de la vigne s’est ouvert à Vins Fins sur son travail et les grands rouges de son pays natal.

 

Dans la valle del Itata, l’une des dix-huit vallées viticoles du Chili, se trouve le domaine Los Boldos, d’où part l’histoire de Mauro Ceballos. D’aussi loin qu’il se souvienne, l’artiste a toujours vu du vin à table. Voire même, en a toujours bu. Les anciens, souvent, incitaient les enfants à goûter les bouteilles, et à la cantine trônaient déjà des flacons… Arrivé il y a un peu plus de vingt ans en France, en cherchant à tisser un lien entre son pays d’origine et Bordeaux, sa terre d’accueil, Mauro a l’idée de peindre le vin… avec du vin ! Ainsi, pour dessiner chaque planche de Di Vin Sang, formidable bande-dessinée qui raconte l’histoire viticole de son pays, l’artiste a plongé encore et encore son pinceau dans un tastevin rempli d’un rouge bordelais. Cela va sans dire, l’homme est un grand connaisseur des vins chiliens.

 

Depuis quand dessinez-vous le vin ?
En 2014, j’ai fait un stage avec un peintre, Isidore Krapo, au Château Pallettes où il a son atelier. Je venais de tout perdre et de divorcer. Il trouvait que j’avais l’air triste, il m’a dit : il faut trouver l’équilibre entre ta maison, ici à Bordeaux et ton pays, le Chili. Il était persuadé que trouver ce lien me permettrait d’être heureux. C’est ce qui m’a amené à dessiner autour du vin. Le Chili et la France – en particulier du côté de Bordeaux – sont comme des cousins : la religion, la gastronomie, l’agriculture et le vin y sont similaires.

 

De quoi parle votre BD Di Vin Sang ?
C’est un livre éducatif qui avait pour but de faire partie du patrimoine culturel du pays. Je voulais que les Chiliens aient accès à ce travail, parce qu’ils ne connaissent pas tellement l’histoire du vin. Je voulais faire quelque chose d’historique et de neutre, alors je suis allé à la rencontre de professeurs, d’anthropologues, de curés, de jésuites, de vignerons du Chili pour qu’ils me racontent. Le livre ne parle que des premiers temps du vin chilien, depuis que le raisin est arrivé au Chili jusqu’au premier prix gagné à Paris en 1889 lors de l’exposition universelle. Je voulais aussi que ce livre puisse servir de trait d’union pour mes enfants, entre leur histoire en France et leurs origines au Chili.

 

Pourquoi l’avez-vous peinte avec du vin ?
Au Chili, on dit que la culture naît de l’agriculture. Alors pour raconter cette culture du vin, j’ai fait des tests de couleurs avec cette matière-là : du vin, pendant cinq ans. Le monochrome est assez élégant et les gens n’y sont pas habitués. Un jour on m’a dit « On aimerait bien goûter la peinture ». Alors, avec le vigneron Olivier Cazenave, propriétaire du Château de Bel, nous nous sommes lancés dans ce projet de BD, la première qui soit dessinée à partir de vin. Et nous avons créé une cuvée spéciale dédiée avec ce même liquide qui a permis le dessin, la Cuvée Di Vin Sang, 100% Cabernet Franc. C’est un assemblage des millésimes 2011, 2012 et 2013. Nous avons aussi produit un film et une musique autour du livre, pour que l’expérience soit multisensorielle.

 

Racontez-nous, à quoi ressemblent les vins chiliens ?
Les Chiliens aiment les tanins, les robes des vins chiliens sont toujours très noires, leur goût est très fort. La vinification est donc pensée pour répondre à ce désir-là, de vin très intense. Mais la viticulture évolue, grâce à un vieux cépage du Médoc, le Carménère, qui avait complètement disparu après la crise du phylloxéra, et qui était méconnu des Chiliens. Il a commencé à être replanté et on en trouve de plus en plus. Il y a beaucoup de petits vins, qui ne sont pas très chers et que même les plus grands producteurs consomment à table. Pour cinq euros au Chili, on boit déjà des vins de bonne qualité. Et à côté, il y a les premiers crus chiliens qui sont destinés à l’export et aux forces armées, ils sont magnifiques et font penser à des Pommerol. Mais les Chiliens ne les connaissent pas pour la plupart…

 

Passons en revue, trois vins disponibles sur Vins Fins. On commence avec un Seña…
Ce vin est iconique au Chili, il fait partie des plus grandes références. Deux vignerons en sont à l’origine : Eduardo Chadwick et Robert Mondavi. Le vignoble est installé sur des sols volcaniques, à flanc de coteau de Seña. Il existe depuis 1998. C’est un vin qui regroupe des cépages rouges de Bordeaux et de Carménère, un croisement entre le Gros cabernet et le Cabernet franc.

 

Ensuite, nous avons un Almaviva Puente Alto…
Ce vin vient d’un vignoble qui est planté dans la vallée de Maipo où des cépages emblématiques du bordelais sont plantés. Il fait partie des vignobles les plus célèbres du pays, et des plus chers aussi, très connus à l’international. Il est composé essentiellement de Cabernet-sauvignon, avec un peu de Carménère, de Cabernet franc et de petit verdot. C’est un vin rouge charnu, fruité et tannique. 

 

Et finissons avec une très grande référence, un Vinedo Chadwick…
Ce vignoble aussi est installé dans la vallée de Maipo. Il appartient à la famille Chadwick depuis 1870, qui est connue pour avoir acheté de nombreux hectares pour redynamiser et moderniser la façon de faire le vin au Chili. Ils produisent les vins les plus renommés du pays. Celui-ci est un assemblage de Cabernet Sauvignon et de Petit Verdot.

 

Pour découvrir et acheter l’extraordinaire Di Vin Sang de Mauro Ceballos, c’est ici.