Le questionnaire Vins Fins de Jean-Baptiste Duteurtre

 

Jusqu’à l’âge de 30 ans, Jean-Baptiste Duteurtre se définissait comme un « inculte » en matière viticole. Il est pourtant aujourd’hui le fondateur de Bulles et Millésimes, incontournable revue dédiée au champagne et son art de vivre. Une rencontre avec un sommelier a tout changé dans la vie de ce passionné, qui s’est formé et s’est mis à déguster sans plus compter. Depuis vingt ans maintenant, Jean-Baptiste Duteurtre compile les expériences dans les rangs de vignes. Il s’est prêté au jeu du questionnaire Vins Fins, pour une édition spéciale champagne.

 

Quel est votre terroir préféré ?
Forcément, le terroir de Champagne en règle générale… Mais je dois avouer avoir un petit faible pour les secteurs d’Aÿ, ses superbes Pinot Noir et le Mesnil sur Oger pour ses non moins superbes Chardonnay !

 

Quel est le plus grand champagne que vous ayez goûté ?
C’est une question piège... Pour le champagne, plus encore que pour les autres vins, le moment de dégustation entre en ligne de compte dans l’appréciation de la cuvée. Pour ma part, j’apprécie les temps passés avec les chefs de caves ou responsables de maisons. Alors je pense à un champagne Salon dégusté avec Didier Depond, mais aussi à un Dom Pérignon goûté avec Vincent Chaperon, à un Belle Epoque expliqué par Séverine Frerson et à un Amour de Deutz bu avec Michel Davesne… Ce sont à chaque fois des moments particuliers.

 

Quel est le champagne que vous rêvez de boire ?
Un Selosse des années 1990 ! C’est la période où, arrivant des Antilles, je me suis installé pour la première fois en Champagne et où j’ai vraiment découvert la région. J’avais eu l’occasion de passer une soirée avec le vigneron Anselme Selosse dont le discours me semblait déjà avant-gardiste. Je l’ai revu il y a peu mais nous n’avons pas eu le temps d’une telle dégustation...

 

Quel est votre plus grand regret œnologique ?
En reportage sur la Côte d’Azur, je déjeunais dans un joli restaurant de Saint-Tropez, invité par le directeur des lieux. Quelques minutes avant de se mettre à table il m’avait vanté les mérites de sa politique de sommellerie et notamment la vente aux verres de vins prestigieux comme Cheval Blanc. Une fois assis, il me demande ce que je veux boire, et je lui dis donc un verre de Cheval Blanc. Je le sens gêné, sans trop comprendre le souci. Je redemande, et je vois sa gêne s’amplifier. Je n’avais pas regardé le prix… Le verre était vendu cinq cent euros ! Après un œil sur la carte, j’ai mieux compris et me suis excusé, j’ai commandé un verre beaucoup plus abordable. Dommage, je n’ai jamais goûté de Cheval Blanc.

 

Quelle est votre plus belle rencontre ?
Celle avec l’un des grands personnages de la Champagne, Bernard de Nonancourt, qui avait fondé la maison Laurent Perrier. Sa grande taille lui donnait un air de géant mais il avait un air généreux, toujours affable. « Monsieur Bernard », comme on l’appelait, était très attachant, amusant et sympathique. Il incarnait merveilleusement bien la Champagne.

 

Quel est votre plus beau souvenir de dégustation ?
Je me souviens d’une verticale de champagne rosé et vin tranquille rosé chez Veuve Clicquot à Reims avec l’ancien chef de cave, Dominique Demarville. A la fin, il m’a emmené dans la cave particulière de la maison et m’a laissé choisir un flacon à déguster. Je n’étais pas seul mais nous étions tous tombés d’accord pour tenter le 1914, millésime d’histoire. Ce fut un très beau moment.

 

Quelle est la prochaine belle bouteille que vous avez prévu de boire ?
J’ai la grande chance d’avoir quelques millésimes en stock dans ma cave... Et je ne peux pas tellement me prononcer à l’avance, car la prochaine belle bouteille que je choisirai de boire dépendra comme toujours du moment.