Jaclyn McKie, du saxophone au whisky Arran



 

Cela fait dix-huit ans que Jaclyn McKie a déposé ses bagages au sein de l’incontournable distillerie Arran, dont elle gère aujourd’hui le service marketing. Rien ne la prédestinait pourtant à une carrière dans les spiritueux. Après des études de musique et de langues étrangères, et un passage de quelques années dans le vin en France, Jaclyn McKie est rentrée chez elle, en Écosse, à l’âge de 25 ans. Ce n’est que le jour de son entretien chez Arran qu’elle a trempé ses lèvres pour la première fois dans le whisky de la célèbre distillerie écossaise.

 

Avant d’arriver dans les spiritueux, quel a été votre parcours scolaire ?
Je n’ai jamais étudié l’univers des spiritueux ! En revanche, j’ai appris le chant, le piano, le saxophone entre 11 et 17 ans, avant de me réorienter à l’université vers les langues étrangères. Je n’avais alors aucune idée de ce que je voulais faire, mais j’avais en amour le français et l’italien, ce qui m’a beaucoup servi ensuite.

 

D’ailleurs, la France n’a-t-elle pas eu un rôle clé dans votre parcours professionnel
Pendant mes études j’y avais déjà passé un an, j’avais adoré, c’est pour moi le meilleur moyen d’apprécier une culture que de vivre dans un pays. Une fois diplômée, j’ai emménagé à Montpellier, où j’ai enchaîné des petits jobs. Et j’ai rencontré cet ami qui commercialisait du vin de la région, à l’étranger. Il m’a proposé de venir travailler avec lui et j’ai dit oui ! 

 

Avant le whisky, il y a donc eu le vin…
Avant de découvrir ma boisson nationale, j’ai fait mes armes auprès de celle de la France, oui. Pour l’entreprise de mon ami, grâce à mes études de langue, je travaillais en français et vendais les produits auprès de pays anglophones ! J’adorais le lien avec les vignerons, découvrir leurs vins, les particularités du terroir du Languedoc-Roussillon. Et un jour, dans la salle d’échantillons dédiée à la dégustation de nos produits, j’ai eu une prise de conscience : alors que je commençais à bien maîtriser cet univers, cette culture, je ne connaissais pas celle de mon propre pays, même en ayant grandi à vingt minutes d’Arran !

 

C’est grâce à ce déclic que vous êtes rentrée en Ecosse ?
À ce moment-là, je me suis dit que le jour où je rentrerais chez moi en Ecosse, j’aimerais me plonger dans l’histoire de mon terroir. Et j’ai vu passer une offre d’emploi chez Arran pour être « directeur des ventes Europe », un poste bien trop élevé pour moi à l’époque ! J’ai quand même candidaté en expliquant que si une place moins qualifiée se libérait, cela m'intéresserait.

 

C’est alors que l’aventure Arran a débuté ?
C’était en 2004, le directeur général m’a gentiment répondu qu’effectivement, je manquais d’expérience ! Un mois plus tard, il m’a rappelée pour être assistante marketing et vente. J’arrivais en débutante, je ne connaissais rien de la fabrication du whisky. Alors l’équipe m’a accueillie deux semaines à la distillerie et complètement initiée au savoir-faire. Puis j’ai pris mon poste, où mes études de langue m’ont à nouveau servi, cette fois-ci je travaillais auprès de clients francophones ! J’ai vendu Arran au Canada, en France, en Belgique, en Italie aussi. Je suis arrivée il y a 18 ans et je ne suis jamais repartie.

 

Justement, il y a 18 ans naissait l’une des bouteilles mythiques : le Arran 18…
C’est drôle, je m’aperçois que j’étais là quand ils ont rempli les fûts de ce whisky ! Je me souviens de l’explication du maître distillateur quant à l’importance du fût pour le goût du whisky. À l’époque on utilisait plutôt des Sherry cask, contre des fûts de bourbon aujourd’hui. Le 18 ans est marqué par cela. Traditionnellement, le whisky Arran se définit par sa fraîcheur, son côté salin, ses notes d’agrumes, mais lorsqu’il vieillit en Sherry cask, il développe un côté épicé, des notes de noix et de chocolat, de la gourmandise ! Le Arran 18 ans est embouteillé à 46 degrés, sans filtration à froid. Il est l’un de nos plus âgés, c’est une fierté pour nous, il rend hommage à l’histoire de la distillerie.