Anne-Sophie Bigot : le whisky de l’apéritif au dessert

 

 

Dans le milieu, on la connaît sous le pseudonyme « The Whisky Lady » pour un blog, qui s’est mué en compte Instagram à succès. C’est un fait : Anne-Sophie Bigot est l’une des figures incontournables du whisky en France. Insatiable promotrice des plaisirs maltés, Anne-Sophie a monté un festival ainsi que le premier repère toulousain – le Hopscotch Pub – dédiés au plus fameux des spiritueux. Et entre deux sessions de jury pour les World Whiskies Awards, cette experte trouve encore le temps de signer des ouvrages aux éditions Larousse, tels que La Passion du whisky, ou Whisky Japonais. Celle qui a eu un coup de foudre pour le malt presque par hasard, au cours de vacances en Ecosse, s’est amusée à imaginer pour Vins Fins un repas uniquement arrosé de sa boisson favorite.

 

Toute occasion est-elle bonne pour déguster du whisky ?
Au petit déjeuner, je m’abstiens, mais sinon, oui, à peu près ! On a souvent l’image d’un spiritueux qui ne se déguste qu’en digestif, ou mixé au cours d’une soirée… Mais en réalité, il existe tellement de whiskies et autant de façons de les boire, qu’elles soient sérieuses ou conviviales. J’aime à rappeler que le whisky est un lubrifiant social, un produit culturel autour duquel on partage, qui rapproche les humains. Comme par exemple, autour d’un repas.

 

D’ailleurs, comment débuteriez-vous un repas, à l’heure de l’apéritif ?
Pour éviter de saturer le palais avec la puissance alcoolique, je conseille de commencer son repas sur le thème du whisky avec un cocktail simple, de type long drink, avec un peu de ginger ale. Ou de le déguster à la japonaise, avec un Highball, ou encore un awamori, qui consiste à mélanger son whisky avec de l’eau pétillante ou de l’eau plate. Pour moi, la référence idéale est le Hibiki Harmony Blend, léger et fruité.

 

Pour accompagner l’entrée, que choisiriez-vous ?
En admettant que l’entrée soit un tartare de saumon, je choisis de contrebalancer le gras du saumon avec un whisky sec, boisé et fringant, comme un Single Pot Still irlandais tel que le Method and Madness.

 

Pour accompagner un plat de viande en sauce, ou de poisson, que choisit-on ?
Sur la viande rouge, j’aime associer une Sherry bomb, un whisky entièrement ou partiellement vieilli en ex-fût de Xérès. Je pense aux écossais Aberlour, Glenfarclas, Macallan ou encore GlenDronach, connues pour ce type de vieillissement. Sur du poisson, je pars sur tout autre chose ! J’apprécie un whisky iodé qui offre à l’accord une belle longueur en bouche. On peut aller voir du côté des distilleries de la région de Campbeltown, chez Springbank et Glen Scotia par exemple, ou encore sur la côte nord écossaise chez Old Pulteney.

 

Le whisky peut-il se marier avec tout type de fromage ?
Je trouve que c’est justement avec du fromage que l’on peut vraiment s’amuser ! Avec du bleu, du roquefort ou du gorgonzola, j’associe un whisky tourbé. La force du fromage saura tenir tête à la tourbe ! Avec du chèvre ou du brebis, j’opte pour une finition Sherry, vin rouge ou Porto qui apportent des notes de compotées de fruits rouges pour une belle complémentarité et l’impression de croquer dans une tartine fromage et confiture ! J’aime aussi beaucoup associer un cheddar mature à un whisky de seigle (un rye) qui a la particularité d’être velouté et vient contraster le côté friable du fromage. Avec un fromage à pâte dure type comté, je choisis un whisky fruité aux notes d’abricot, comme le Nectar d’or de Glenmorangie, vieilli en fût de Sauternes.

 

Et pour le dessert, on continue à marier le whisky aux douceurs ?
Mon péché mignon, c’est le chocolat avec un whisky fumé, les deux fonctionnent très bien. En revanche, je choisis une tourbe qui ne soit pas trop médicinale, avec une puissance modérée, pour ne pas écraser le goût du dessert, comme un Talisker, un Lagavulin, un Port Charlotte ou encore un Kilchoman. Et de manière générale pour tous ces accords, j’évite les bruts de fûts (même si j’en suis une grande adepte) qui de par leurs degrés élevés peuvent gâcher les saveurs.

 

Pour en apprendre encore plus : La Passion du whisky, par Anne-Sophie Bigot, 24,95 euros, éditions Larousse