Amanda Schuster : et si l’on dégustait le cognac en mangeant ?

 

 

Dans les bars à spiritueux des foyers français, le cognac est un incontournable. Mais aux États-Unis, l’eau de vie de vin originaire de Charente est vu comme un met d’exception, parfois intouchable. De fait, cette dernière ne ravit pas si fréquemment les palais… Sauf peut-être dans la famille de la journaliste américaine, Amanda Schuster, chez qui les spiritueux, y compris français, sont érigés en vedettes. Le rituel qui précède les dîners et célébrations familiales, c’est de partager un cocktail. Et si le dîner se fait au restaurant, on le termine par un ou deux verres de cognac en guise de digestif. Formée à l’American Sommelier Association, Amanda Schuster a été acheteuse de vins et spiritueux à New York avant de sortir sa plume sur son sujet de prédilection. Après de nombreux articles et livres sur la question, dont un très récent, Signature Cocktails, The 2007 Essential List aux éditions Phaidon, elle s’est confiée à Vins Fins sur son amour du produit, et sur trois accords mets et cognac, particulièrement inattendus.

 

À titre personnel, aimez-vous déguster le cognac ?
J’aime le cognac en digestif, après un bon repas. Ou alors, j’en déguste en accompagnement de desserts fruités, comme une tarte, un croustillant. Mais le cognac me plaît aussi beaucoup avec quelque chose de crémeux et de vanillé, comme une crème brûlée, ou même avec un dessert à base de pâte feuilletée. Je trouve qu’il se marie bien avec les aliments beurrés, fromagers, un peu comme avec le vin dont les tanins et le fruité du raisin tranchent avec la richesse et s’accordent avec ces saveurs. Il m’arrive aussi de boire du cognac en cocktail, j’adore le Stinger : on le prépare avec du cognac secoué et de la crème de menthe !

 

Racontez-nous un souvenir marquant autour du cognac…
Je me souviens d’un long déjeuner avec plusieurs plats dans un restaurant italien de Brooklyn au cours duquel j’ai dégusté différents styles de cognac. Ça a été l’une de mes expériences gastronomiques favorites. C’était particulièrement atypique parce qu’il ne s’agissait pas d’une cuisine française, les accords n’étaient donc pas habituels. Nous avions mangé des courgettes panées, des frites à la truffe, des pizzas à pâte fine, de la viande, des options végétariennes, du tiramisu, des pâtisseries… Nous avions bu des marcs plus ou moins jeunes de cognac Hardy. J’en suis sortie avec un enseignement : finalement le cognac peut être considéré, de la même manière que le vin, comme un spiritueux qui s’adapte à différents styles de nourriture. De l’apéritif, au dessert, qui plus est !

 

Justement, si vous deviez conseiller trois accords mets et cognac, que diriez-vous ?
Je trouve que le cognac VS se marie très bien avec de la charcuterie d’une part, mais aussi des légumes rôtis. À mon goût, il va aussi très bien avec une belle pizza au fromage, ou encore avec de la pomme de terre cuisinée à la truffe et à l’ail. Enfin, un cognac plus âgé se lie à merveille avec un bon morceau de chocolat, je trouve que c’est un pur régal.

 

Vous qui vivez à New York : quelle image le cognac a-t-il outre-Atlantique ?
Le cognac n’est pas un spiritueux typique aux Etats-Unis. Je ne pense pas que nous ayons une grande culture du brandy en général, mais c’est aussi une question de coût. Malheureusement, le cognac est considéré comme un produit de luxe uniquement. Je pense qu’il est nécessaire d’informer davantage les consommateurs et leur faire comprendre qu’il existe différentes gammes de prix.

 

Pour aller plus loin : Amanda Schuster, Signature cocktails, aux éditions Phaidon, 34,95 euros

 

La sélection de Vins Fins by NICOLAS :
Hennessy XO
Hine XO Reserve 40%
Delamain Pale Dry XO Centenaire

 

 photo Gabi Porter